Marjorie Villefranche
L'Institut Jacques-Couture de l'Université TÉLUQ choisit d'organiser les Rencontres Émile-Ollivier en hommage à ce penseur et artiste. Ces rencontres multiperspectives regroupent, notamment et selon la thématique choisie, des intervenants et intervenantes du monde scientifique et des organismes communautaires, des étudiants et étudiantes, etc.
« C'est avec beaucoup […] d'humilité que j'accepte ce prix, car voyez-vous toute ma vie je n'ai fait que mon travail et il m'a beaucoup nourri parce que j'ai fait ce que j'aime le plus au monde : être au service du bien commun. Merci beaucoup à l'Institut Jacques-Couture pour cette reconnaissance, je vois aussi que la remise du prix aura lieu lors des Rencontres Émile-Ollivier. Cet écrivain et ami que j'ai bien connu a beaucoup inspiré mon parcours. »
Ce sont les paroles profondes de madame Villefranche; elles illustrent bien la raison pour laquelle, à l'occasion de la sixième Rencontre Émile-Ollivier, l'Institut Jacques-Couture lui décerne son quatrième prix Jacques-Couture. Nous soulignons son parcours inspirant, son implication sociale et son travail assidu pour améliorer les conditions d'accueil et d'intégration des nouveaux arrivants, d'Haïti et d'ailleurs.
Marjorie Villefranche est arrivée seule au Québec à l'âge de 12 ans pour les vacances et elle n'est jamais retournée vivre en Haïti. Ses parents sont venus la rejoindre quelques années plus tard.
Inspirée par des militantes noires américaines comme Angela Davis, elle commence à s'impliquer socialement pour la communauté haïtienne dès 1970. Collaboratrice depuis les débuts de la Maison d'Haïti, Marjorie Villefranche en est devenue la directrice générale en 2011. Cet organisme travaille à faciliter l'intégration des immigrants et immigrantes qui choisissent Montréal comme terre d'accueil. C'est un endroit où tous les nouveaux arrivants, d'Haïti ou d'ailleurs, peuvent se prévaloir d'un cours de francisation, d'un atelier d'alphabétisation, d'une discussion sur l'art d'être parent, d'un club réservé aux adolescentes, et plus encore.
La Maison a été particulièrement sollicitée à la suite du séisme de 2010 en Haïti alors qu'il s'est transformé en point de ralliement. Durant la pandémie de 2020, la Maison s'est à nouveau transformée en centre de crise et a été considérée comme un service essentiel. L'organisme a donc pu distribuer de la nourriture aux familles, conserver ses liens avec la communauté et sensibiliser la population de Saint-Michel à observer les mesures sanitaires et le confinement. Il s'agit d'un lieu précieux pour les familles étrangères.
En cette année de 50e anniversaire de la constitution corporative de la Maison d'Haïti, il convient de souligner le travail de madame Villefranche qui y a si largement contribué et l'a guidée au fil des ans.
En plus des projets éducatifs et culturels menés à la Maison d'Haïti, Marjorie Villefranche a produit trois documentaires qui abordent les thèmes du racisme et de la discrimination : Port-au-Prince ma ville, District 67 et Petites mères.
Madame Villefranche a été honorée par plusieurs prix, dont : Femme de mérite, catégorie Éducation, de la Fondation du YWCA, 2008; Personnalité de la semaine, La Presse et Radio-Canada, en 2012; Bâtisseuse de la cité 2017; Membre du conseil de la Commission des droits de la personne; nomination en 2021 à titre de citoyenne d'honneur de la Ville de Montréal.
En lui remettant ce prix, nous la remercions aujourd'hui de son apport positif à notre société dans sa réalité actuelle et pour sa contribution remarquable au rayonnement et au meilleur fonctionnement de la Maison d'Haïti.
Par son parcours remarquable, Mme Villefranche témoigne bien de l'esprit et des actions de Jacques Couture. Son travail correspond aux valeurs et à la mission de l'Institut. S'il était avec nous aujourd'hui, Jacques Couture approuverait sans aucun doute le choix de madame Villefranche à titre de lauréate de ce prix portant son nom.
Le prix Jacques-Couture est assorti d'un parchemin et d'un chèque de 1000 $.